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Bioproduction européenne : le cap reste orienté au nord
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Bioproduction européenne : le cap reste orienté au nord

L’attractivité des territoires britannique et irlandais pour la production pharmaceutique, et en particulier pour la production biopharmaceutique, ne se dément pas, ainsi qu’en témoignent plusieurs investissements majeurs annoncés ces dernières semaines. Alors que la Grande-Bretagne vient de lancer une campagne pour promouvoir la production sur son territoire, un des phares de son industrie pharmaceutique, GSK, a déjà pris les devants, encouragé en particulier par la « patent box »  qui figure parmi les mesures de réforme de la fiscalité des entreprises proposée par le gouvernement de David Cameron pour encourager l’innovation et stimuler la compétitivité de l’industrie britannique (1).
500 millions de £ pour le seul GSK
GSK a ainsi annoncé fin mars un programme d’investissements de plus de 500 millions de £ (environ 600 millions d’euros) pour le développement de ses activités de production au Royaume-Uni. Le groupe qui emploie quelque 4 000 personnes sur ses huit sites britanniques va construire une nouvelle usine de production biopharmaceutique sur son site d’Ulverston. Ce centre, qui produit des antibiotiques et emploie 240 personnes dans le nord-ouest de l’Angleterre, va concentrer l’essentiel du programme d’investissement annoncé par GSK, soit 350 millions de £ (419.4 millions d’euros). La construction de la nouvelle usine y débutera en 2014-2015 et il faudra ensuite six ans pour que celle-ci soit totalement opérationnelle. Plus de 100 millions de £ seront également consacrés aux deux sites écossais de Montrose et d’Irvine. Sur le premier, GSK va développer ses capacités de production de traitements pour les maladies respiratoires et d’adjuvants vaccinaux tandis qu’il prévoit de renforcer sa production d’antibiotiques pour les marchés émergents sur le second. Enfin, 80 millions de £ seront consacrés à l’augmentation des capacités de production de systèmes d’inhalation sur le site de Ware et à la création d’un centre d’excellence en production pour la dermatologie sur le site de Barnard Castle. Au total, l’ensemble de cet investissement devrait conduire à la création de 1000 emplois. Toujours au Royaume-Uni, le groupe américain Life Technologies va investir 20 millions de $ (15,1 millions d’euros) pour augmenter les capacités de production de son site écossais d’Inchinnan près de Glasgow. Le site qui emploie actuellement 500 personnes se consacre à la  fabrication de produits de culture cellulaire pour la R&D et la production de médicaments biologiques.
950 millions d’euros investis en Irlande
Du côté de l’Irlande qui, depuis maintenant une trentaine d’années, a su attirer les centres de production majeurs du top 10 de la pharma mondiale, 2012 s’annonce comme un cru de choix. Les projets de développement de sites de production pharmaceutique annoncés depuis le début de l’année correspondent à un investissement global de plus de 950 millions d’euros. Ce sont d’abord Abbott et Allergan qui ont ouvert le bal. Le premier a révélé un programme de 85 millions d’euros d’investissement pour le développement de ses installations de Sligo avec, à la clé la création de 175 emplois à la fin des travaux en 2014. Allergan, quant à lui, va consacrer 350 millions d’euros à l’extension d’une de ses principales unités de production de Botox®, le site de Wesport dans le comté de Mayo. Le projet devrait permettre de créer jusqu’à 200 emplois dans les quatre ans à venir, ce qui portera à 1000 les effectifs du groupe américain en Irlande. Chez Lilly, 300 millions d’euros seront dévolus à la construction, sur son site de Cork, d’une nouvelle usine de production biopharmaceutique qui emploiera à terme 200 personnes. Enfin, Amgen se prépare à faire de son usine de Dun Laoghaire un des principaux sites de bioproduction dans le monde. Dès le rachat de ces installations à Pfizer voici un peu plus d’un an, le groupe avait annoncé son intention de développer leurs capacités de production. Quelque 200 millions de $ (151,6 millions d’euros) vont ainsi être investis pour la construction d’une nouvelle usine de production, une extension des entrepôts et la remise à neuf des batiments existants. L’opération devrait également s’accompagner de la création d’une centaine d’emplois, portant ainsi les effectifs du site à près de 400. Les travaux devraient durer une vingtaine de mois.
Même choix de l’Irlande pour le génériqueur Mylan, qui s’apprête à dépenser quelque 100 millions de $ (environ 76 millions d’euros) sur cinq ans pour ses sites de Dublin et de Galway. Ces fonds serviront notamment à augmenter ses capacités de R&D et de production dans les domaines des traitements des maladies respiratoires, des produits injectables et des médicaments solides administrés par voie orale. L’opération va également se solder par un quasi doublement des effectifs de Mylan dans le pays, où il emploie actuellement environ 700 personnes. 500 nouveaux postes vont ainsi être créés sur ces deux sites, 220 pour Galway et 280 pour Dublin. Enfin, Genzyme vient d’obtenir les autorisations de la FDA et de l’EMA pour une deuxième ligne de remplissage et de conditionnement sur son site de fabrication de Waterford, ce qui lui permet de doubler ses capacités de remplissage et de finition pour ses traitements de la maladie de Pompe Myozyme® et Lumizyme®. La société, qui a achevé au début de l’année une extension du site d’un montant de 150 millions de $, va également initier les procédures d’autorisation pour le remplissage et la finition d’autres produits sur cette deuxième ligne de production. Il s’agit ici, à long terme, de pouvoir utiliser le site de Waterford en tant que plateforme de remplissage et de finition pour l’ensemble du portefeuille de Genzyme.
Thérapies avancées au Nord
Outre l’Irlande, les derniers progrès enregistrés en Europe du Nord concernent la fabrication de produits de thérapie avancée (thérapies cellulaires ou thérapies géniques). Ainsi les autorités sanitaires néerlandaises viennent-elles de valider l’usine du belge Tigenix à Sittard-Geleen (Belgique). Le site produira notamment le produit de thérapie cellulaire destiné à la réparation des cartilages, ChondroCelect®, premier produit de thérapie avancée autorisé en Europe en octobre 2009. Plus au nord, c’est l’agence du médicament finlandaise qui vient d’étendre la certification GMP à la toute nouvelle unité de production mise en place par le britannique Ark Therapeutics sur son site de Kuopio (Finlande). Baptisée GMP3, cette nouvelle installation s’étend sur 650 m2 conçus pour la production à grande échelle à partir de cultures de cellules et vient s’ajouter à ses deux unités existantes de 100 et 150 m2 pour la production selon les critères de biosécurité BSL-2 (photo). Alors que la société spécialiste des médicaments de thérapie génique a choisi de valoriser ses compétences en production virale dans le cadre d’une réorientation de ses activités initiée en 2010, l’apport de cette ligne supplémentaire devrait lui permettre de développer son offre de services, notamment pour le développement et la production commerciale de produits de thérapie génique à base d’adénovirus et de lentivirus. Enfin, Novo Nordisk se prépare pour assurer l’approvisionnement en insuline de la Russie. Le groupe danois a commencé la construction d’une nouvelle usine au sein du Technopark Grabstevo, dans la région de Kaluga à quelque 150 kilomètres de Moscou. Celle-ci prendra en charge la formulation, le remplissage et l’emballage des cartouches d’insuline Penfill® ainsi que l’emballage des stylos injecteurs pré-remplis d’insuline FlexPen®. Avec cet investissement de 100 millions de $ (environ 76 millions d’euros), Novo Nordisk sera en mesure de répondre aux besoins en insuline de 200 000 patients en Russie. A son entrée en production prévue en 2014, l’usine devrait employer plus de 160 personnes.
Anne-Lise Berthier
Rédactrice en chef de BioPharmAnalyses

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(1) La campagne baptisée Make it in Great Britain devrait atteindre son point culminant cet été pendant les Jeux Olympiques avec une exposition au Science Museum de Londres qui présentera quelques uns des développements les plus récents et les plus marquants de la production réalisée au Royaume-Uni. Quant à la patent box qui sera applicable à compter du 1er avril 2013, elle prévoit de plafonner à 10 % le taux d’imposition sur tous les bénéfices imputables à des brevets accordés par l’Office britannique de la propriété intellectuelle et par l’Office européen des brevets. Sont notamment concernés les brevets accordés dans le cadre du UK Patents Act 1977 et de la convention européenne sur les brevets, les certificats de protection complémentaires relatifs aux produits pharmaceutiques et leurs extensions liées à des indications pédiatriques, les droits conférés par l’autorisation d’une nouvelle indication, les droits d’exclusivité commerciale liés au statut de médicament orphelin.


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