Vivalis, société française spécialiste du développement et de la production de vaccins et de protéines, vient de conclure son cinquième accord depuis le début de l’année sur sa lignée cellulaire EB66®, dérivée de cellules souches embryonnaires de canard. Cet accord, le troisième signé avec le groupe Merial depuis 2005, porte à cinq (dont trois dans le secteur vétérinaire) le nombre d’accords conclus par Vivalis, depuis le 1er janvier 2012. Un point sur la stratégie de la société avec son président Franck Grimaud (photo).
BioPharmAnalyses : Quelle est la stratégie de Vivalis avec la lignée EB66® dans le domaine vétérinaire ? Où en est la société aujourd’hui dans ce secteur ?
Franck Grimaud : Aujourd’hui nous travaillons avec sept des dix plus grands industriels du secteur vétérinaire : Merial, Boehringer Animal Health, Merck Animal Health, Pfizer Animal Health, Virbac ainsi que Kyoto Biken et Kaketsuken au Japon et nous venons de faire notre entrée en Amérique du Sud avec l’accord de licence que nous avons signé en juin avec le péruvien Farvet Farmacológicos Veterinarios. Il y a donc une volonté large des industriels du médicament vétérinaire d’accéder à l’utilisation de notre lignée cellulaire. Nous remarquons aussi que les sociétés qui l’ont testée une première fois ont ensuite demandé des licences plus étendues ou des licences pour d’autres indications. Merial en est un exemple puisque c’est le troisième accord que nous concluons avec eux et c’est aussi le cas pour Merck Animal Health avec lequel nous avons deux accords en cours. Selon les déclarations d’un de nos licenciés, un premier vaccin vétérinaire produit sur notre lignée EB66® devrait obtenir une autorisation de mise sur le marché cette année et nous estimons leur nombre à quatre à cinq à l’horizon 2015. Le vaccin vétérinaire est un domaine important pour Vivalis, car il représente un marché de l’ordre de quatre milliards de $. Les autorisations y sont également plus simples et plus rapides à obtenir, ce qui peut générer pour nous un flux d’affaires régulier et intéressant. Aujourd’hui, de très nombreux vaccins vétérinaires sont encore produits sur des oeufs, mais pourraient passer à terme sur notre lignée cellulaire.
BioPharmAnalyses : Passons maintenant au vaccin humain. Comment est perçu Vivalis aujourd’hui ? Quels sont les principaux projets en cours et à venir ?
Franck Grimaud : Notre référencement commence à être significatif. Nous travaillons avec les deux leaders mondiaux, GSK et Sanofi Pasteur et un certain nombre de sociétés de biotechnologies telles que Transgene en France, OETC (Oxford-Emergent Tuberculosis Consortium) au Royaume-Uni, Okairos en Suisse, Geovax aux Etats-Unis, Kaketsuken à nouveau au Japon, Deltavir en Allemagne. Nous avons maintenant une phase 2 en cours au Japon pour un vaccin contre la grippe pandémique, une phase 1 avec GSK aux Etats-Unis dans le domaine de la grippe et nous espérons avoir une phase 1 d’ici 2013-2014 avec une approche d’immunothérapie développée par Deltavir pour le traitement du glioblastome. La lignée cellulaire a également été validée par les autorités règlementaires pour la vaccination de patients sains. Il nous faut maintenant élargir la gamme des indications et avoir un maximum de vaccins développés sur notre lignée EB66® pour qu’un certain nombre arrive jusqu’au stade de la commercialisation.
BioPharmAnalyses : Dans quelles indications souhaitez-vous plus particulièrement élargir votre gamme ?
Franck Grimaud : Notre objectif est que les productions de vaccins réalisées jusqu’à présent sur des oeufs soient transférées progressivement sur nos lignées cellulaires. Pour des vaccins comme le vaccin contre la rougeole, une telle opération pourrait s’effectuer par exemple à l’occasion d’un renouvellement de gamme. Mais les vaccins contre le cancer ou contre le sida entrent aussi dans le champ d’application de notre lignée cellulaire. Dans le cas de Delta-Vir, la lignée est utilisée pour produire un virus oncolytique destiné à la mise au point d’une immunothérapie du glioblastome. La gamme d’intervention est donc très large.
BioPharmAnalyses : Comment se positionne Vivalis dans le domaine des anticorps monoclonaux et comment envisagez-vous votre évolution pour les deux-trois ans à venir ?
Franck Grimaud : Historiquement, Vivalis a d’abord repris la société lyonnaise Humalys en 2010. Pour compléter ses plateformes, une technologie de découverte d’anticorps humains à haut débit (technologie ISAAC) a ensuite été acquise auprès du japonais SC World en avril 2011. Celle-ci est basée sur des puces permettant le criblage à haut débit et la sélection du meilleur anticorps parmi des milliards de lymphocytes B. Deux plateformes identiques baptisées VivaScreen™ mettant en oeuvre les deux technologies sont maintenant en place, à Lyon et à Toyama, dans notre filiale japonaise. C’est le travail que nous avons réalisé ces deux dernières années.
Concernant nos développements dans le domaine des anticorps monoclonaux, nous avons choisi de privilégier deux axes. Il s’agit tout d’abord de la découverte d’anticorps pour le compte de tiers. L’accord que nous avons signé en janvier dernier avec Sanofi Pasteur pour la découverte d’un anticorps monoclonal dans le domaine des maladies infectieuses en est un exemple. De plus, un certain nombre de nos clients préfèrent licencier des anticorps qui ont déjà été validés au niveau pré-clinique. L’autre axe consiste donc à commencer à développer petit à petit en propre un portefeuille d’anticorps que nous licencierons au stade pré-clinique. Notre objectif est de signer deux nouveaux programmes chaque année avec un seul ou deux clients. Nous avons déjà trois programmes en cours avec Sanofi et un quatrième pourrait être prévu. Dans le cadre de ces accords, nous avons déjà reçu des versements de trois millions d’euros et l’accord prévoit un financement de 35 millions d’euros par cible, soit un potentiel de 140 millions d’euros auxquels s’ajouteront des royalties une fois les produits commercialisés.
BioPharmAnalyses : Vivalis est une des rares sociétés membres de deux pôles de compétitivité, le pôle lyonnais Lyonbiopôle, et le pôle nantais Atlantic Biothérapies. Quels avantages trouvez-vous à cette situation ?
Franck Grimaud : Nous sommes très contents d’être présents sur les deux pôles. Notre ancrage nantais nous permet de recevoir un soutien local efficace. Quant à Lyonbiopole, il s’agit, pour moi, d’un des meilleurs clusters en France, voire en Europe. Un cercle vertueux s’est mis en place sur la région dans le secteur des biotechnologies et de la biopharmacie. Secteur académique et secteur privé confondus, les sciences de la vie y rassemblent près de 15 000 personnes et on voit que le pôle a atteint la taille critique qui lui permet de fonctionner, de contribuer à l’émergence de vraies synergies. S’y organisent notamment des journées thématiques autour des anticorps, des maladies infectieuses où se retrouvent autour de la même table des représentants de Sanofi, de bioMérieux, de Pierre Fabre avec des petites sociétés de biotechnologie. De très bonnes compétences cliniques sont aussi présentes. Cet ensemble constitue donc pour nous un environnement très riche.
Propos recueillis par Anne-Lise Berthier, rédactrice en chef de BioPharmAnalyses
Vivalis vise deux nouveaux accords sur sa technologie de découverte d’anticorps
Vivalis, société française spécialiste du développement et de la production de vaccins et de protéines, vient de conclure son cinquième accord depuis le début de l’année sur sa lignée cellulaire EB66®, dérivée de cellules souches embryonnaires de canard. Cet accord, le troisième signé avec le groupe Merial depuis 2005, porte à cinq (dont trois dans le secteur vétérinaire) le nombre d’accords conclus par Vivalis, depuis le 1er janvier 2012. Un point sur la stratégie de la société avec son président Franck Grimaud (photo).
BioPharmAnalyses : Quelle est la stratégie de Vivalis avec la lignée EB66® dans le domaine vétérinaire ? Où en est la société aujourd’hui dans ce secteur ?
Franck Grimaud : Aujourd’hui nous travaillons avec sept des dix plus grands industriels du secteur vétérinaire : Merial, Boehringer Animal Health, Merck Animal Health, Pfizer Animal Health, Virbac ainsi que Kyoto Biken et Kaketsuken au Japon et nous venons de faire notre entrée en Amérique du Sud avec l’accord de licence que nous avons signé en juin avec le péruvien Farvet Farmacológicos Veterinarios. Il y a donc une volonté large des industriels du médicament vétérinaire d’accéder à l’utilisation de notre lignée cellulaire. Nous remarquons aussi que les sociétés qui l’ont testée une première fois ont ensuite demandé des licences plus étendues ou des licences pour d’autres indications. Merial en est un exemple puisque c’est le troisième accord que nous concluons avec eux et c’est aussi le cas pour Merck Animal Health avec lequel nous avons deux accords en cours. Selon les déclarations d’un de nos licenciés, un premier vaccin vétérinaire produit sur notre lignée EB66® devrait obtenir une autorisation de mise sur le marché cette année et nous estimons leur nombre à quatre à cinq à l’horizon 2015. Le vaccin vétérinaire est un domaine important pour Vivalis, car il représente un marché de l’ordre de quatre milliards de $. Les autorisations y sont également plus simples et plus rapides à obtenir, ce qui peut générer pour nous un flux d’affaires régulier et intéressant. Aujourd’hui, de très nombreux vaccins vétérinaires sont encore produits sur des oeufs, mais pourraient passer à terme sur notre lignée cellulaire.
BioPharmAnalyses : Passons maintenant au vaccin humain. Comment est perçu Vivalis aujourd’hui ? Quels sont les principaux projets en cours et à venir ?
Franck Grimaud : Notre référencement commence à être significatif. Nous travaillons avec les deux leaders mondiaux, GSK et Sanofi Pasteur et un certain nombre de sociétés de biotechnologies telles que Transgene en France, OETC (Oxford-Emergent Tuberculosis Consortium) au Royaume-Uni, Okairos en Suisse, Geovax aux Etats-Unis, Kaketsuken à nouveau au Japon, Deltavir en Allemagne. Nous avons maintenant une phase 2 en cours au Japon pour un vaccin contre la grippe pandémique, une phase 1 avec GSK aux Etats-Unis dans le domaine de la grippe et nous espérons avoir une phase 1 d’ici 2013-2014 avec une approche d’immunothérapie développée par Deltavir pour le traitement du glioblastome. La lignée cellulaire a également été validée par les autorités règlementaires pour la vaccination de patients sains. Il nous faut maintenant élargir la gamme des indications et avoir un maximum de vaccins développés sur notre lignée EB66® pour qu’un certain nombre arrive jusqu’au stade de la commercialisation.
BioPharmAnalyses : Dans quelles indications souhaitez-vous plus particulièrement élargir votre gamme ?
Franck Grimaud : Notre objectif est que les productions de vaccins réalisées jusqu’à présent sur des oeufs soient transférées progressivement sur nos lignées cellulaires. Pour des vaccins comme le vaccin contre la rougeole, une telle opération pourrait s’effectuer par exemple à l’occasion d’un renouvellement de gamme. Mais les vaccins contre le cancer ou contre le sida entrent aussi dans le champ d’application de notre lignée cellulaire. Dans le cas de Delta-Vir, la lignée est utilisée pour produire un virus oncolytique destiné à la mise au point d’une immunothérapie du glioblastome. La gamme d’intervention est donc très large.
BioPharmAnalyses : Comment se positionne Vivalis dans le domaine des anticorps monoclonaux et comment envisagez-vous votre évolution pour les deux-trois ans à venir ?
Franck Grimaud : Historiquement, Vivalis a d’abord repris la société lyonnaise Humalys en 2010. Pour compléter ses plateformes, une technologie de découverte d’anticorps humains à haut débit (technologie ISAAC) a ensuite été acquise auprès du japonais SC World en avril 2011. Celle-ci est basée sur des puces permettant le criblage à haut débit et la sélection du meilleur anticorps parmi des milliards de lymphocytes B. Deux plateformes identiques baptisées VivaScreen™ mettant en oeuvre les deux technologies sont maintenant en place, à Lyon et à Toyama, dans notre filiale japonaise. C’est le travail que nous avons réalisé ces deux dernières années.
Concernant nos développements dans le domaine des anticorps monoclonaux, nous avons choisi de privilégier deux axes. Il s’agit tout d’abord de la découverte d’anticorps pour le compte de tiers. L’accord que nous avons signé en janvier dernier avec Sanofi Pasteur pour la découverte d’un anticorps monoclonal dans le domaine des maladies infectieuses en est un exemple. De plus, un certain nombre de nos clients préfèrent licencier des anticorps qui ont déjà été validés au niveau pré-clinique. L’autre axe consiste donc à commencer à développer petit à petit en propre un portefeuille d’anticorps que nous licencierons au stade pré-clinique. Notre objectif est de signer deux nouveaux programmes chaque année avec un seul ou deux clients. Nous avons déjà trois programmes en cours avec Sanofi et un quatrième pourrait être prévu. Dans le cadre de ces accords, nous avons déjà reçu des versements de trois millions d’euros et l’accord prévoit un financement de 35 millions d’euros par cible, soit un potentiel de 140 millions d’euros auxquels s’ajouteront des royalties une fois les produits commercialisés.
BioPharmAnalyses : Vivalis est une des rares sociétés membres de deux pôles de compétitivité, le pôle lyonnais Lyonbiopôle, et le pôle nantais Atlantic Biothérapies. Quels avantages trouvez-vous à cette situation ?
Franck Grimaud : Nous sommes très contents d’être présents sur les deux pôles. Notre ancrage nantais nous permet de recevoir un soutien local efficace. Quant à Lyonbiopole, il s’agit, pour moi, d’un des meilleurs clusters en France, voire en Europe. Un cercle vertueux s’est mis en place sur la région dans le secteur des biotechnologies et de la biopharmacie. Secteur académique et secteur privé confondus, les sciences de la vie y rassemblent près de 15 000 personnes et on voit que le pôle a atteint la taille critique qui lui permet de fonctionner, de contribuer à l’émergence de vraies synergies. S’y organisent notamment des journées thématiques autour des anticorps, des maladies infectieuses où se retrouvent autour de la même table des représentants de Sanofi, de bioMérieux, de Pierre Fabre avec des petites sociétés de biotechnologie. De très bonnes compétences cliniques sont aussi présentes. Cet ensemble constitue donc pour nous un environnement très riche.
Propos recueillis par Anne-Lise Berthier, rédactrice en chef de BioPharmAnalyses
NO COMMENT