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VFP Therapies : la vectorisation au service de l’efficacité thérapeutique
Scientific news

VFP Therapies : la vectorisation au service de l’efficacité thérapeutique

Si la barrière hémato-encéphalique (ou barrière hémato-méningée) joue un rôle essentiel pour protéger le cerveau des agents exogènes nocifs (agents pathogènes, toxines…), sa présence n’en constitue pas moins un « rempart » qui va aussi limiter le passage, et donc l’efficacité, des médicaments. Franchir cette barrière constitue un défi majeur que doivent surmonter les produits destinés au traitement des maladies du système nerveux central (SNC). C’est à cette problématique que veut répondre la jeune société VFP Therapies, dont le président fondateur et professeur émérite à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Rouen, Francis Marsais, vient d’être primé dans la catégorie « Création – Développement » de la dernière édition du Concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Quand vecteur et précurseur ne font plus qu’un

A travers la création de VFP Thérapies, l’objectif est de valoriser le savoir-faire acquis par le laboratoire COBRA (Chimie Organique, Bioorganique : Réactivité et Analyse) de l’INSA de Rouen dans le domaine de la vectorisation du médicament. L’orientation privilégiée repose sur le développement de « précurseurs pharmaceutiques » rendus inactifs et dotés d’une structure chimique adaptée pour leur permettre de franchir la barrière hémato-méningée. « Ici, les molécules actives sont modifiées par l’addition d’hétérocycles, qui présentent la particularité d’être reconnus aisément par les récepteurs membranaires, qui figurent parmi les cibles thérapeutiques majeures de l’industrie pharmaceutique, explique Francis Marsais (photo). Les précurseurs ainsi constitués ne génèrent pas ou peu d’effets secondaires lors de leur passage dans le flux sanguin. Une fois la barrière hémato-méningée franchie, l’action des oxydases, enzymes abondamment présentes dans le cerveau, va permettre de les transformer en une forme active capable d’agir au niveau central sur les récepteurs biologiques ciblés. Il s’agit d’un concept de vectorisation original : le vecteur ne transporte pas le médicament, il est lui-même le précurseur du médicament.» Actuellement, ce savoir-faire a été appliqué aux inhibiteurs de l’acétylcholinestérase pour le traitement de la maladie d’Alzheimer et VFP Therapies a décrit et breveté avec l’INSA de Rouen deux familles de couples précurseurs/inhibiteurs de l’acétylcholinestérase actifs. Le concept a été validé in vivo et in vitro. « Une fois activé sous l’action des oxydases du cerveau, le médicament y est immobilisé. Cette caractéristique constitue un autre des intérêts majeurs de notre technologie, souligne Francis Marsais. En effet, il est alors possible d’utiliser des doses de médicaments plus faibles et cette hypothèse est confortée par les résultats observés chez la souris avec nos inhibiteurs de l’acétylcholinestérase modifiés. Ces travaux montrent un effet net sur le cerveau, à des doses dix à 15 fois inférieures aux doses couramment utilisées ».

VFP Therapies s’intéresse également aux applications de sa stratégie de vectorisation à d’autres inhibiteurs de cholinestérase, les inhibiteurs de la butyrylcholinestérase, mais elle prévoit aussi d’étendre ses recherches au-delà des traitements de la maladie d’Alzheimer. Sa technologie présente l’avantage de pouvoir s’appliquer à différentes catégories de médicaments visant le traitement de pathologies du SNC (schizophrénie, troubles bipolaires, dépressions profondes…). « Cette orientation figure parmi les pistes de développement possibles pour notre société, indique Francis Marsais. Nous projetons également de travailler sur les tumeurs cérébrales, telles que les gliomes, en appliquant  notre technologie de vectorisation à une nouvelle génération d’anticancéreux.»

A la recherche de partenariats

Alors que le porteur de projet a déjà été lauréat du concours national OSEO d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes dans la catégorie Emergence, cette nouvelle récompense lui ouvre l’accès à une subvention destinée à financer jusqu’à 60 % de son programme d’innovation. Actuellement, VFP Thérapies, qui est membre de la technopole normande CBS (Chimie Biologie Santé), est engagée dans une recherche active de partenaires et de financements afin de pouvoir réaliser ses premiers essais cliniques et développer son propre portefeuille de produits. Plusieurs opportunités s’ouvrent à la société, à savoir le développement de ses molécules en partenariat avec l’industrie pharmaceutique ou encore l’application de sa technologie de vectorisation à des molécules abandonnées pour cause d’effets secondaires trop importants. Enfin, VFP Thérapies peut aussi se positionner comme un partenaire de l’industrie pour la conception, dès les stades précoces de R&D, de couples précurseurs/médicaments plus efficaces.

Anne-Lise Berthier

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