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Pour une réflexion nouvelle sur l’innovation
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Pour une réflexion nouvelle sur l’innovation

Alors que les résultats des enquêtes sur l’innovation présentés à l’occasion du colloque international sur l’innovation organisé par Genopole et Amgen le 2 octobre montrent que les acteurs de l’innovation interrogés demandent à l’Etat d’assumer un rôle d’anticipation et délivre sa vision des orientations nécessaires à la société, Gilles Nobécourt, directeur associé d’Edmond de Rothschild Investment Partners, souligne qu’il est plus que temps d’ouvrir un vrai débat politique sur la révolution qui est en train de transformer les pratiques médicales et scientifiques. 

“L’homme développe une médecine d’organes depuis plus de deux mille ans. Cela fait moins d’une génération qu’il est en train d’apprendre à passer à une médecine génétique et moléculaire avec la reconstitution des cascades biologiques impliquées dans le développement des pathologies. Cette révolution est considérable et a une portée inouïe en termes d’innovation. Mais cette transition d’une médecine d’organes à une médecine génétique et moléculaire est en train d’échapper complètement à nos sociétés qui ne voient que le numérique et le « cloud ». J’attribue cet aveuglement à la durée des cycles de développement dans les industries de santé, nécessairement bien supérieure aux délais requis pour mettre au point de nouveaux logiciels ou de nouveaux matériels informatiques. Cette situation pose un problème politique central. Voit-on aujourd’hui beaucoup de politiques pousser la réflexion jusqu’à s’interroger sur les évolutions sociales et sociétales que les innovations en santé peuvent provoquer ? Non. Le débat n’a jamais été ouvert, mais l’augmentation de l’espérance de vie va nous obliger à nous poser la question. C’est pourtant par définition le rôle des pouvoirs publics que d’être garants de l’intérêt général et d’anticiper les transformations qui peuvent l’affecter. Le débat se focalise presque exclusivement sur « combien ça coute à la sécurité sociale ? aux assurances privées ?” , mais même là les responsables politiques éludent le seul vrai sujet central de cette question du coût qui est de savoir combien une société est prête à dépenser globalement pour la santé des individus qui la composent. Tout ce travail de prospective sociétale est indispensable et fondamental pour faciliter l’émergence des thèmes de recherche majeurs pour notre société et pour lesquels la France a beaucoup d’atouts pour réussir. Il ne peut pas être laissé au libre jeu du marché qui est focalisé sur le profit à court terme et va orienter l’innovation vers les applications les plus rentables à court terme. Or aujourd’hui, l’innovation est largement laissée à cette dynamique par carence des structures d’Etat qui devraient être garantes de l’intérêt général. La puissance publique a pourtant toute sa place dans le débat sur les priorités de l’innovation. Une véritable réflexion sur l’innovation devrait englober les formations, les politiques des organismes publics de recherche, leurs ratios moyens/personnels, leurs relations avec les industriels, les incitations proposées aux industriels, les accès au marché des produits développés par ces industriels, le prix de ces produits… mettre et traiter tout cela dans une perspective cohérente au service d’une ambition collective. L’enjeu majeur de l’innovation est un enjeu sociétal dont l’objectif devrait être d’améliorer les conditions de vie du groupe.”


 


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