Les sociétés de biotechnologie basées en Allemagne ont connu en 2011 une croissance quasi nulle, de 0,5 %, à 5,445 milliards d’euros, selon la dernière étude du Boston Consulting Group (BCG) consacrée à ce secteur d’activité (1). Malgré leur potentiel élevé, la stagnation se manifeste dans tous les domaines d’activité des biotech, note ce dernier. Le VFA, association allemande des laboratoires orientés recherche, y voit la conséquence des multiples interventions politiques sur le marché du médicament, en recul globalement de 3,05 % l’an passé. Outre-Rhin l’optimisme n’est plus de mise.
Les interventions politiques, au premier chef les rabais obligatoires imposés aux fabricants ainsi que le moratoire sur les prix des médicaments, sont désignées comme les causes principales de l’arrêt de la croissance de la pharma comme des biotech outre-Rhin. Le bilan, établi par le BCG, de l’évolution de la branche est sans appel : en 2011, le marché des produits pharmaceutiques d’origine chimique est en recul de 3,1 %, de 29,6 milliards d’euros à 28,7 milliards (2), et le chiffre d’affaire des sociétés de biotechnologie ne progresse plus que de 0,5 % de 2010 à 2011, de 5,417 milliards à 5,445 milliards d’euros (3). Sur l’ensemble des molécules ayant reçu leur autorisation de mise sur le marché – 34 en 2011 -, la part des produits issus des biotech est désormais en recul : de 27 % en 2009 (soit 12 spécialités) comme en 2010 (6 spécialités), elles ne sont plus que 4 l’an passé.
Menaces sur la recherche
Du point de vue de son évolution économique générale, le secteur des biotechnologies n’aura vu ses rangs que grossir faiblement en 2011, de +0,8 %, à 386 sociétés recensées, dont 268 disposent d’une plate forme technologique et seulement 118 des produits sur le marché et/ou des molécules en développement. Mais les effectifs du secteur ne sont plus qu’en très faible croissance, à + 0,6 % pour 35 667 salariés. “Si le pipeline des biotech est en continuelle croissance, souvent à deux chiffres depuis de nombreuses années, les coûts de R&D pour une seule molécule jusqu’à son autorisation de mise sur le marché atteignent des sommes immenses, de 1 à 1,6 milliard d’euros”, note le BCG. Cependant, ajoute ce dernier, dans un contexte réglementaire de plus en plus contraignant, les volumes et chiffre d’affaires des biotech stagnent dans les conditions cadre qui sont celles de l’Allemagne. “Il n’est pas possible de générer des innovations sous un régime de blocage des prix”, note encore le BCG, pour qui “les dispositions étatiques menacent la plateforme de recherche allemande”. La société de conseil réclame à cet égard une amélioration de l’environnement fiscal des petites entreprises à forte intensité de recherche, en autorisant le report des pertes sur plusieurs années.
Trop d’ingérence politique
“Si les produits contre les maladies immunologiques ont connu une croissance, les autres grands domaines d’application des biotechs ont reculé”, commente de son côté le Dr. Frank Mathias (photo), président du VFA et CEO de MediGene AG. “L’Allemagne n’est plus en 2011 un marché en croissance pour les biopharmaceutiques. Les causes en sont une intervention politique dans le marché, poursuit ce dernier. Les biotech changeront de cap en matière d’investissements si les politiques menacent la croissance en Allemagne”. “Les interventions politiques dans le marché comme le nouveau mode de détermination des montants de remboursement de nouveaux médicaments commencent à agir, ajoute le patron du VFA. En même temps les coûts de développement des médicaments augmentent sans cesse. Pour les sociétés concernées, l’écart entre, d’un côté, les dépenses et, de l’autre, les opportunités de revenus continue de s’accroitre et elles devront réagir sur ce sujet.” Mise à contribution ces dernières années pour renflouer le déficit de la Sécu allemande – passé à l’excédent en 2011, de 4 milliards d’euros, après 445 millions de déficit en 2010 -, les industriels du médicament comme les sociétés de biotechnologie attendent désormais de nouvelles mesures en faveur de leurs branches respectives. Au nombre de celles avancées par le VFA figurent ainsi : l’accélération du processus mis en place par la loi de restructuration du marché pharmaceutique pour une évaluation précoce des avantages des nouveaux médicaments mis sur le marché, l’introduction d’avantages fiscaux pour le financement de la recherche selon le modèle présenté dans d’autres pays de l’UE – dont la France – et des améliorations dans la législation fiscale, en particulier pour les petites entreprises à forte intensité de recherche. Ces améliorations permettraient de mener à terme des projets de développement de bien des biotech, plaide le VFA, qui note que le nombre des projets en cours avec de nouvelles molécules – dont la majorité concerne des produits contre le cancer ou des vaccins – est passé de 520 à 550 en fin 2011. “46 % des projets impliquent des maladies pour lesquelles il n’existe encore aucun médicament issu des biotechnologies”. Soit autant de raisons de favoriser le développement d’une branche qui dispose potentiellement de nouvelles solutions thérapeutiques.
Jean-Jacques Cristofari
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(1) « Biopharmaceutiques en Allemagne en 2012 : les données économiques et domaines d’application nouveaux pour le bénéfice du patient », BCG / VFA, avril 2012
(2) CA net en termes de prix de vente des laboratoires, en tenant compte des déductions légales imposées à ces derniers.
(3) CA des médicaments dont les principes actifs sont faits à partir d’organismes génétiquement modifiés
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(Source : Etude BCG « Biopharmaceutiques en Allemagne en 2012 : les données économiques et domaines d’application nouveaux pour le bénéfice du patient »)
(Source : Etude BCG « Biopharmaceutiques en Allemagne en 2012 : les données économiques et domaines d’application nouveaux pour le bénéfice du patient »)
Biotech en Allemagne : la croissance n’est plus au rendez-vous
Les sociétés de biotechnologie basées en Allemagne ont connu en 2011 une croissance quasi nulle, de 0,5 %, à 5,445 milliards d’euros, selon la dernière étude du Boston Consulting Group (BCG) consacrée à ce secteur d’activité (1). Malgré leur potentiel élevé, la stagnation se manifeste dans tous les domaines d’activité des biotech, note ce dernier. Le VFA, association allemande des laboratoires orientés recherche, y voit la conséquence des multiples interventions politiques sur le marché du médicament, en recul globalement de 3,05 % l’an passé. Outre-Rhin l’optimisme n’est plus de mise.
Les interventions politiques, au premier chef les rabais obligatoires imposés aux fabricants ainsi que le moratoire sur les prix des médicaments, sont désignées comme les causes principales de l’arrêt de la croissance de la pharma comme des biotech outre-Rhin. Le bilan, établi par le BCG, de l’évolution de la branche est sans appel : en 2011, le marché des produits pharmaceutiques d’origine chimique est en recul de 3,1 %, de 29,6 milliards d’euros à 28,7 milliards (2), et le chiffre d’affaire des sociétés de biotechnologie ne progresse plus que de 0,5 % de 2010 à 2011, de 5,417 milliards à 5,445 milliards d’euros (3). Sur l’ensemble des molécules ayant reçu leur autorisation de mise sur le marché – 34 en 2011 -, la part des produits issus des biotech est désormais en recul : de 27 % en 2009 (soit 12 spécialités) comme en 2010 (6 spécialités), elles ne sont plus que 4 l’an passé.
Menaces sur la recherche
Du point de vue de son évolution économique générale, le secteur des biotechnologies n’aura vu ses rangs que grossir faiblement en 2011, de +0,8 %, à 386 sociétés recensées, dont 268 disposent d’une plate forme technologique et seulement 118 des produits sur le marché et/ou des molécules en développement. Mais les effectifs du secteur ne sont plus qu’en très faible croissance, à + 0,6 % pour 35 667 salariés. “Si le pipeline des biotech est en continuelle croissance, souvent à deux chiffres depuis de nombreuses années, les coûts de R&D pour une seule molécule jusqu’à son autorisation de mise sur le marché atteignent des sommes immenses, de 1 à 1,6 milliard d’euros”, note le BCG. Cependant, ajoute ce dernier, dans un contexte réglementaire de plus en plus contraignant, les volumes et chiffre d’affaires des biotech stagnent dans les conditions cadre qui sont celles de l’Allemagne. “Il n’est pas possible de générer des innovations sous un régime de blocage des prix”, note encore le BCG, pour qui “les dispositions étatiques menacent la plateforme de recherche allemande”. La société de conseil réclame à cet égard une amélioration de l’environnement fiscal des petites entreprises à forte intensité de recherche, en autorisant le report des pertes sur plusieurs années.
Trop d’ingérence politique
“Si les produits contre les maladies immunologiques ont connu une croissance, les autres grands domaines d’application des biotechs ont reculé”, commente de son côté le Dr. Frank Mathias (photo), président du VFA et CEO de MediGene AG. “L’Allemagne n’est plus en 2011 un marché en croissance pour les biopharmaceutiques. Les causes en sont une intervention politique dans le marché, poursuit ce dernier. Les biotech changeront de cap en matière d’investissements si les politiques menacent la croissance en Allemagne”. “Les interventions politiques dans le marché comme le nouveau mode de détermination des montants de remboursement de nouveaux médicaments commencent à agir, ajoute le patron du VFA. En même temps les coûts de développement des médicaments augmentent sans cesse. Pour les sociétés concernées, l’écart entre, d’un côté, les dépenses et, de l’autre, les opportunités de revenus continue de s’accroitre et elles devront réagir sur ce sujet.” Mise à contribution ces dernières années pour renflouer le déficit de la Sécu allemande – passé à l’excédent en 2011, de 4 milliards d’euros, après 445 millions de déficit en 2010 -, les industriels du médicament comme les sociétés de biotechnologie attendent désormais de nouvelles mesures en faveur de leurs branches respectives. Au nombre de celles avancées par le VFA figurent ainsi : l’accélération du processus mis en place par la loi de restructuration du marché pharmaceutique pour une évaluation précoce des avantages des nouveaux médicaments mis sur le marché, l’introduction d’avantages fiscaux pour le financement de la recherche selon le modèle présenté dans d’autres pays de l’UE – dont la France – et des améliorations dans la législation fiscale, en particulier pour les petites entreprises à forte intensité de recherche. Ces améliorations permettraient de mener à terme des projets de développement de bien des biotech, plaide le VFA, qui note que le nombre des projets en cours avec de nouvelles molécules – dont la majorité concerne des produits contre le cancer ou des vaccins – est passé de 520 à 550 en fin 2011. “46 % des projets impliquent des maladies pour lesquelles il n’existe encore aucun médicament issu des biotechnologies”. Soit autant de raisons de favoriser le développement d’une branche qui dispose potentiellement de nouvelles solutions thérapeutiques.
Jean-Jacques Cristofari
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(1) « Biopharmaceutiques en Allemagne en 2012 : les données économiques et domaines d’application nouveaux pour le bénéfice du patient », BCG / VFA, avril 2012
(2) CA net en termes de prix de vente des laboratoires, en tenant compte des déductions légales imposées à ces derniers.
(3) CA des médicaments dont les principes actifs sont faits à partir d’organismes génétiquement modifiés
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(Source : Etude BCG « Biopharmaceutiques en Allemagne en 2012 : les données économiques et domaines d’application nouveaux pour le bénéfice du patient »)
(Source : Etude BCG « Biopharmaceutiques en Allemagne en 2012 : les données économiques et domaines d’application nouveaux pour le bénéfice du patient »)
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