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Accès aux thérapies ciblées et prise en charge personnalisée des patients
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Accès aux thérapies ciblées et prise en charge personnalisée des patients

L’Institut national du cancer (INCa) vient de publier deux nouveaux rapports sur la prise en charge personnalisée des patients et sur l’accès aux thérapies ciblées en France. Ces deux rapports ont été réalisés dans le cadre du plan Cancer 2009-2013, et plus spécifiquement de sa mesure 21 qui vise à garantir un accès égal aux traitements et aux innovations.

Des tests moléculaires pour 155 000 patients en 2011

Le premier de ces rapports présente en 92 pages une synthèse de l’activite des plateformes hospitalieres de genetique moleculaire des cancers en 2011. Au nombre de 28 en France, ces plateformes coordonnées et financées par l’INCa disposent d’un catalogue de 60 tests dont 14 sont utilisés pour déterminer l’accès à des thérapies ciblées (trastuzumab dans le cancer du sein (métastatique et en adjuvant dans le cancer du sein précoce) et dans le cancer gastrique métastatique, lapatinib dans le cancer du sein métastatique, panitumumab et cetuximab dans le cancer colorectal métastatique, imatinib dans le GIST et dans la leucémie aiguë lymphoblastique, gefitinib et erlotinib dans le GIST, crizotinib dans le cancer des poumons, vemurafenib dans le mélanome, imatinib, dasatinib et nilotinib dans la leucémie myéloïde chronique). Ces tests déterminant l’accès à une thérapie ciblée ont été réalisés chez 55 000 patients sur les 155 000 ayant bénéficié d’un examen moléculaire en 2011. Il s’agit essentiellement d’examens pour la recherche de mutations d’EGFR dans le cancer du poumon (20 700), de mutations de KRAS dans le cancer colorectal (17 000) et pour la recherche de translocations BCR-ABL chez des patients atteints de leucémie myéloïde chronique (6 500). Les 100 000 autres examens moléculaires, quant à eux, concernent la recherche de marqueurs orientant le processus diagnostique (29 000), de marqueurs participant au diagnostic, en complémentarité de paramètres cliniques, morphologiques et biologiques (39 000), de marqueurs pronostiques (9 000) et de marqueurs de suivi de la maladie (30 000). Par ailleurs, face à l’augmentation du nombre de thérapies ciblées disponibles et en cours de développement et donc de la liste des biomarqueurs utilisés en pratique clinique et du nombre de tests à réaliser, l’INCa a initié en 2012 une évaluation des besoins et des contraintes liés à l’introduction des nouvelles technologies de séquençage (NGS) dans les laboratoires.

Deux bases de données dans le cancer du poumon et dans le mélanome

Le second rapport, qui porte sur  les tests de genetique moleculaire pour l’acces aux therapies ciblees en 2012, dresse un bilan spécifique de l’activité de l’INCa dans le domaine de ces tests de diagnostic compagnons. Parmi les actions ainsi financées et soutenues, on relèvera les projets Biomarqueurs France dans le cancer des poumons et Melbase dans le mélanome. Ces deux projets sont centrés sur la constitution de bases de données rassemblant données moléculaires, données épidémiologiques, cliniques, histologiques, thérapeutiques et données de suivi des patients. Avec Biomarqueurs France, il s’agit de réaliser une analyse descriptive de la prévalence des anomalies moléculaires et des caractéristiques cliniques associées dans le cas du cancer du poumon. Dans le cas du projet Melbase, une base de données cliniques et biologiques prévoit l’inclusion de 1000 patients atteints de mélanome pendant un an avec un suivi de trois ans, l’objectif étant d’adosser une base de données comprenant les résultats moléculaires obtenus par les plateformes de génétique moléculaire, le suivi clinique, biologique et radiologique de ces patients à une tumorothèque virtuelle.

Plus rapide et moins coûteux

Parallèlement, l’INCa souligne l’impact de son programme “biomarqueurs émergents” sur la vitesse d’accès aux nouvelles thérapies ciblées mises sur le marché. Ce programme initié début 2011 est centré sur la détection prospective de ces biomarqueurs dans le cancer du poumon, dans le cancer colorectal et dans le mélanome. Dans le cas du vemurafenib, qui a obtenu une ATU de cohorte en avril 2011 et est autorisé en Europe depuis le 20 février 2012, l’INCa note que “six mois après la délivrance de l’ATU de cohorte au vemurafenib, 263 patients ont pu bénéficier de ce traitement”. Par ailleurs, le choix du recours à la stratification moléculaire des tumeurs pour orienter la décision thérapeutique s’avère aussi une stratégie “coût-efficace”. Dans un article publié récemment dans Nature Reviews Clinical Oncology, Fabien Calvo, directeur de la recherche de l’INCa, Frédérique Nowak (INCa) et Jean-Charles Soria de l’Institut Gustave Roussy relèvent que “le coût de l’analyse des mutations de l’EGFR (epidermal growth factor receptor) dans le cancer du poumon est largement compensé par les économies associées à la restriction du gefitinib ou de l’erlotinib aux patients potentiellement répondeurs” (1). Sachant que huit semaines de traitement par le gefitinib coûtent 4 600 €, les coûts épargnés sont estimés à 69 millions d’euros… Au moment où l’arsenal des thérapies ciblées s’apprête à s’accroître rapidement – une douzaine de thérapies ciblées (inhibiteurs de kinases et anticorps monoclonaux) ont obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe et/ou aux Etats-Unis en 2012 -, l’initiative française semble donc en mesure de concilier intérêt pour la santé publique et maîtrise des dépenses tout en favorisant un accès rapide des patients aux traitements les plus récents. Au regard des contraintes budgétaires actuelles, voilà qui n’est pas une mince affaire…

Anne-Lise Berthier

(1) “Tumour molecular profiling for deciding therapy—the French initiative”. Frédérique Nowak, Jean-Charles Soria & Fabien Calvo. Nature Reviews Clinical Oncology 9, 479-486 (August 2012)


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